Anniversaire de l'Armistice de 1918

Discours prononcé le 11 novembre 2022

Monsieur le Député,
Monsieur le Conseiller départemental,
Mesdames, Messieurs les élus, chers collègues
Messieurs les anciens combattants, messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, messieurs les membres des associations patriotiques,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,

Il y a 104 ans, le 11 novembre 1918, dans les brouillards de l’automne, un vent de liberté s’est levé et souffle dans une clairière paisible de Picardie. A cinq heures du matin, les plaines du Nord de la France retrouvent l’aube d’un monde nouveau, le calme et la paix des armes après quatre années de combats, de souffrances et de désolations. Cette même paix qui avait été plus tôt disloquée et meurtrie.

65 millions d’hommes mobilisés, 8 millions et demi de morts, 21 millions de blessés, et 8 millions d’orphelins.

Derrière ces chiffres, une douleur infinie, une blessure immense de l’âme, celle de chaque victime, celle des parents à qui on a annoncé que leur enfant ne reviendra pas, celle de l’épouse qui n’aura pour consolation que les quelques lignes d’une lettre jaunie avec la nostalgie et la douleur de l’amour fini.

L’armistice du 11 novembre 1918, si ce fut le devoir accompli pour le « soldat de l’idéal », une grande joie pour la France qui porte en elle l’ardent message de la paix et de la liberté, marque aussi le début d’une nouvelle épreuve : aux larmes des mourants répondirent celles des survivants.

Derrière chaque maison bombardée, il y avait une blessure immense qui ne s’est jamais refermée.

Derrière chaque deuil, dans le cœur et l’âme, il y avait une souffrance qui ne s’est jamais dissipée.

Chaque génération porte en elle le souvenir de cette guerre dans ce qu’elle a de plus intime et de plus douloureux. Chaque village de France eut ses morts, ses veuves et ses orphelins. Chaque famille eut ses récits, ses mémoires et ses témoignages.

1918, c’était il y a 104 ans. Aussi lointain que puisse paraître ce conflit dans notre mémoire, la première guerre mondiale fut une page écrite dans notre livre collectif par l’encre du devoir, du sacrifice, et aujourd’hui par la fidélité au souvenir, nous héritiers et gardiens de la paix.

Parce qu’il « reste aux vivants à parachever l’œuvre magnifique des morts », en ce 11 novembre 2022, nous sommes réunis pour honorer la mémoire de ceux qui ont fait de notre liberté, un combat de chaque instant. Comme l’aimait à dire Victor Hugo, « le souvenir, c’est la présence invisible », alors « souvenons-nous ».

Souvenons-nous de ces hommes vaillants qui n’avaient pas vingt ans et qui ont perdu l’insouciance et l’innocence de leur jeunesse dans la boue des tranchées, dans l’enfer de Verdun ou du Chemin des Dames, sous les obus, marqués à jamais dans leur chair et dans leur esprit.

Souvenons-nous de ces hommes qui n’ont jamais eu vingt ans, cet âge des premières découvertes, des premières déceptions et des premiers émois. Cette jeunesse à jamais sacrifiée dans des champs de bataille où règnent la désolation, la peur, les cris des blessés et des âmes meurtries.

Souvenons-nous de tous ces soldats mobilisés : Français, Anglais, Ecossais, Irlandais, Canadiens, Américains, tirailleurs marocains et sénégalais et zouaves algériens.

Souvenons-nous de ces hommes qui affrontèrent les plus grands dangers et consentirent aux plus grands sacrifices pour défendre à jamais nos valeurs et nos libertés. Dans la boue des tranchées, au milieu de la mort et des rats, ils ont su rester des hommes et n’ont jamais renoncé à leur humanité pour tendre la main à leurs camarades au péril de leur vie. Dans les pires moments, ils restèrent des hommes courageux, des hommes de devoir, des hommes qui aimaient mais aussi des hommes qui souffraient.

Souvenons-nous de ces soldats qui endurèrent les pires souffrances et ont versé tant de larmes et de sang. Face contre terre, défigurés, mutilés, hantés ; ils furent grands ces survivants revenus de la guerre et portant au visage les affres d’une guerre douloureuse, les stigmates du combat.

Souvenons-nous qu’ils étaient des pères, des hommes comme nous avec leurs forces, leurs faiblesses et leurs souffrances.

Souvenons-nous de ces destins brisés, de ces veuves et orphelins qui porteront à jamais dans le cœur le deuil de celui qui n’est jamais revenu. Souvenons-nous de ces pères qui n’ont jamais vu grandir leurs enfants.

Souvenons-nous de ces amoureux qui n’ont jamais pu conclure leur lettre, qui n’ont jamais pu se retrouver, qui ont fait leurs adieux sur un bout de papier et qui se sont promis de s’aimer pour l’éternité.

Souvenons-nous enfin que c’est pour nous qu’ils se sont battus et qu’ils sont nos pères à tous. Nous sommes tous les enfants d’un père qui aurait pu nous dire « c’est pour que tu te souviennes mon fils que j’accepte la séparation, le risque de ne plus te revoir et la souffrance ; c’est pour qu’un jour tu te souviennes qu’il n’y a qu’une valeur pour laquelle tu mérites de te battre : la liberté ».

Souvenons-nous ainsi que le combat pour la paix est le plus beau combat de l’homme et qu’il n’est jamais gagné. Nous sommes tous des passeurs de mémoire, des témoins de l’histoire. Chaque génération a le devoir de transmettre et de ne jamais oublier les sacrifices de ses ainés. Car le souvenir de ces sacrifices nous exhorte à être toujours plus libres, plus dignes de ceux qui sont morts pour la France et pour la liberté.

Et au moment de conclure, j’emprunterai ces mots de Paul Claudel qui aimait à dire qu’il : « y a une chose plus triste à perdre que la vie, c’est la raison de vivre, plus triste que de perdre ses biens, c’est de perdre son espérance »

Vive la paix !
Vive la République,
Vive Viry-Chatillon,
Vive la France.