
61e Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc
Discours prononcé le 19 mars 2023
Monsieur le Conseiller départemental,
Mesdames, messieurs les élus, chers collègues,
Messieurs les anciens combattants, messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, Messieurs les membres des associations patriotiques,
Mesdames, Messieurs,
Chers Castelvirois, chers amis,
C’était il y a plus de 60 ans, comment oublier ? Deux nations sœurs s’affrontaient dans un conflit meurtrier duquel personne ne sortirait vainqueur.
Le bilan de ce conflit fut en effet terrible : 25 000 militaires français tués, 65 000 blessés, 300 à 500 000 morts algériens civils et combattants selon les estimations.
Sans parler des trois millions de personnes déplacées et des suites de ce conflit jusqu’à la proclamation solennelle de l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet 1962.
Il y a plus de 60 ans certains d’entre vous, alors âgés d’à peine 20 ans, vous êtes engagés sous l’uniforme de notre pays, laissant derrière vous familles et amis pour une guerre qui ne disait pas son nom, dans un pays qui vous était inconnu.
Soldats, harkis ou Pieds-Noirs, vous avez tous choisi la France et lui avez prouvé votre indéfectible attachement d’une manière dont peu d’entre nous peuvent se vanter.
Le 18 mars 1962, la signature des accords d’Evian marquait la fin des combats. La fin des combats, mais pas celle des souffrances tant les exactions, meurtres, déchirement familiaux et disparitions ont continué bien après ces accords.
Pour ceux qui sont revenus des combats en Algérie, la vie n’a plus jamais été la même. Comment cela aurait-il pu être autrement ?
Là-bas, il fallait faire attention à chaque bruissement, à chaque ombre, à chaque pierre, car en terre inconnue tout vous est hostile.
Les harkis et Pieds-Noirs ont eux aussi payé un lourd tribut à cette guerre qui a été pour eux un déchirement impossible entre leurs deux nations de coeur et d’âme.
Pour ceux qui, après la guerre, ont pu fuir l’Algérie et les tortures qui les menaçaient, l’accueil en France fut difficile et, plus de 60 ans après, il nous faut reconnaître que notre pays n’a pas toujours su se montrer à la hauteur de ses héros qui lui avaient tout sacrifié. Aujourd’hui, si les stigmates sont encore lourds à porter, il nous appartient de les dépasser afin que nos deux nations, qui ont une histoire commune importante, trouvent la voie de la paix et de la coopération.
C’est seulement à cette condition que nos peuples respectifs pourront se pardonner et s’ouvrir pleinement l’un à l’autre. J’entends par là permettre à ceux qui ont tout donné pour la France et à leurs descendants de venir se recueillir sur les tombes de leurs familles ou encore reconnaître que les Pieds-Noirs de 1962 n’avaient pas tous les torts, comme ont voulu nous le faire croire certains.
Il y a plus de 60 ans, huit Castelvirois d’à peine 20 ans perdaient la vie à plus de 2 000 kilomètres de chez eux. Mais si leurs rêves se sont arrêtés là, au détour d’une rue d’Alger ou d’Oran, ils sont plus que jamais présents dans nos mémoires.
Nous ne les oublierons jamais, nous les honorerons toujours.
Comme eux, qui ont fait le sacrifice ultime, vous vous êtes engagés pour notre pays, et je ne peux vous cacher la fierté que j’ai de me tenir à vos côtés, aujourd’hui, pour cet indispensable devoir de mémoire.
Vive la paix,
Vive la République,
Vive la France !